L’Europe et Obama

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La quasi unanimité des nations du monde a salué avec ferveur l’élection de Barack Obama aux Etats-Unis. Les huit années sombres de l’administration Bush allaient enfin se terminer et Obama allait enfin nous réconcilier avec les valeurs démocratiques, une politique intelligente, raisonnable et ouverte. Les premières décisions ont répondu aux attentes : annonce du retrait volontariste et programmé d’Iraq, fermeture de Guantanamo dans l’année, cessation immédiate des « extraditions extraordinaires » (extraordinary renditions) et clôture des  centres de détention et de torture à travers le monde. La rupture avec les  mensonges et l’instrumentalisation de la peur  de l’ère Bush semble bien consommée. Il faut s’en réjouir.

Nous l’avons dit, il ne faut pas être naïfs cependant. Barack Obama ne vient pas de nulle part et toutes les forces politiques, économiques et médiatiques qui ont contribué à son élection (des millions de dollars investis dans la campagne électorale jusqu’au façonnement de son image publique) ont bien compris que les Etats-Unis avaient besoin d’une rupture, d’un changement de politique et d’image sur la scène internationale. Il y a, dans l’élection de Obama, quelque chose qui tient aussi de ce qu’en anglais on appelle « pr exercice », une « opération de relation publique » de nature globale et internationale. La question cruciale demeure de savoir si c’est l’enveloppe seule qui sera colorée d’une nouvelle façon ou si nous allons assister à une vraie nouvelle politique américaine. On compare parfois Obama à Kennedy ou à Clinton : n’oublions pas les conséquences dramatiques, et parfois inhumaines, de certaines décisions prises par ces figures apparemment « positives » de la présidence américaine. Le blocus contre l’Irak, décidé par Clinton et son administration, a par exemple provoqué la mort de centaine de milliers de civils innocents : plus que la terreur de Saddam Hussein lui-même et un nombre sans doute équivalent à l’invasion militaire décidée par Georges W. Bush. L’image médiatique  policée n’est de loin pas la garantie d’une politique juste, équilibrée, plus « éthique » pour reprendre le terme de Obama lui-même. Loin des caméras, dans des salons feutrés de Washington, de sales décisions ont été prises et continueront sans doute à l’être. Alors qu’il n’était encore que le « président élu », Obama avait lourdement condamné les attentats terroristes en Inde mais il est resté lourdement silencieux lors de l’offensive désastreuse de Gaza : elle fut présentée comme une « guerre », on sait aujourd’hui qu’il s’est agi d’un massacre. Les experts et les médecins parlent désormais et les Nations Unies considèrent de plus en plus qu’il s’est souvent agi de « crimes de guerre » caractérisés. Silence du côté de Washington.

Nous savons que les Etats-Unis sont dans une situation économique, politique (et idéologique de surcroît), particulièrement difficile. Elle doit, pour se sauver, se libérer de son arrogance et de son unilatéralisme alors même que sa survie économique passe par l’imposition à autrui de ses règles et de ses décisions. La quadrature du cercle. C’est en connaissant et en identifiant ces difficultés et ces besoins que les pays européens devraient jouer un rôle plus clair dans la redisposition des forces et des équilibres politiques et économiques internationaux. La crise économique globale nous a convaincus que les Etats-Unis étaient bien plus préoccupés par la Chine que par l’Europe (qu’elle semble considérer comme un acteur de seconde catégorie désormais dans les chantiers économiques mais également politiques). La force montante de l’activisme européen, sous la figure de Nicolas Sarkozy, n’a pas à les inquiéter puisque celle-ci se positionne clairement dans le suivisme vis-à-vis des Etats-Unis.

Or, c’est le contraire que nous devrions espérer et voir se concrétiser. Comme le rappelait l’ancien Premier Ministre  néerlandais, Ruud Lubbers, il faut que l’Europe cesse d’espérer des changements des Etats-Unis tout en restant passive. L’Union européenne doit déterminer une ligne, s’engager pleinement sur la scène internationale, s’imposer dans une attitude autre que celle du spectateur. Connaissant les besoins et les difficultés des Etats-Unis au moment du changement d’administration, une rupture est également nécessaire sur le Vieux continent. L’Europe politique, intellectuelle et idéologique doit opérer sa révolution intellectuelle : sans ce réveil, Obama ou pas, rien ne changera.

Tirer parti de la faiblesse actuelle des Etats-Unis non pas pour essayer de dominer mais pour prendre conscience de sa propre force, de ses propres ressources et de son réel potentiel. Au lieu d’entamer encore et encore, la rengaine de la sécurité, de l’immigration, d’une politique méditerranéenne fondamentalement biaisée et d’un positionnement frileux et lâche au Moyen-Orient, il importe que des voies nouvelles se fassent entendre en Europe qui défendent une autre politique intérieure et internationale. Plutôt que d’attendre les ajustements strictement structurels des Etats-Unis en matière d’économie, il serait bon que l’Europe commence une vraie politique économique multipolaire en diversifiant ses partenaires et repense les fondements mêmes de ses choix éthiques en la matière. Les voix européennes qui se réjouissent de l’élection de Obama pour donner un nouveau crédit à leur volonté de s’aligner à leurs choix ne font du bien ni à l’Europe ni aux Etats-Unis : derrière les effets de manche, ils nous trompent et nous proposent les mêmes crises, les mêmes scandales, les mêmes horreurs derrière des mises en scène formelles et médiatiques.

La société civile doit rester vigilante. Il nous appartient, à nous, citoyens européens, d’observer ces évolutions politiques et idéologiques et de pousser nos instances politiques à un engagement plus courageux. Réconcilier nos politiciens avec la politique et l’éthique n’est pas une mince affaire : nous avons le devoir de parler, d’être critiques et de dénoncer les mensonges : sur l’économie des nantis, le traitement inhumain des immigrés, les injustices sociales, la politique internationale avec le rôle catastrophique des Etats-Unis et la complicité inacceptable de nos Etats européens. C’est notre devoir citoyen et éthique. Il n’y aura de nouvelle Amérique, avec Obama, que s’il est une nouvelle Europe. Nous aurons ce que nous méritons.

1 COMMENTAIRE

  1. En France la classe politique est restée silencieuse sur le massacre à Gaza , cela ne nous laisse que peu de choix lors de nos prochains vote à part les communistes et les verts qui ont clairement critiqué la politique sioniste je vois pas pour qui voter , quand à Obama il n’est qu’un pantin de plus aux mains des sionistes américains …..mieux vaut ne pas compter sur lui concernant le moyen orient!

  2. Je pense que ce qui est dit ici est vrai; il ne faut pas distinguer politique et économie. L’Europe depuis De Gaulle dans les années 60, a perdu tout forme de courage. Elle s’est soumis au Américains et aujourd’hui on nous baraguouine que ce suivisme est naturel en tant qu’Etats occidentaux. Faux. Il n’ y a que les intérêts qui lient les Etats. On le voit avec l’Arabie Saoudite vis a vis des Palestiniens. Et on le voit encore mieux avec ce « machin » qu’est la Ligue Arabe.

    Ce que les Etats-Unis et l’Europe n’ont pas encore compris dans leur soutien aveugle et criminel envers israel, c’est qu’ils se condamnent et mettent en péril tout forme de crédibilité quand aux droits de l’homme. Le paradoxe de l’impérialisme est qu’il impose de force la démocratie en affirmant la supériorité de ce modèle libéral. Liberté et coercition font, comme tout le monde le sait, bon ménage.

    A NOTER, UN TEXTE DE NOAM CHOMSKY SUR LA PALESTINE QUI VIENT JUSTE DAPPARAITRE SOUs LE NOM de « OBAMA ET LA QUESTION ISRAELO-PALESTINIENNE »

  3. Assalamou alaikoum,

    Un grand merci pour cette analyse très judicieuse (comme d’habitude !). Je suis tout à fait d’accord avec M. Ramadan et j’ajouterais même que malgré mon optimisme de voir la période Bush enfin terminée je ne considère pas B. Obama comme le président idéal pour autant. En effet, on notera qu’il n’a nommé aucun musulman à un poste clé et que son bras droit est un sioniste confirmé. N’oublions pas non plus que pendant sa campagne électorale sa première déclaration fut en faveur des Juifs, lobby majeur aux Etats-Unis. B. Obama a également déclaré que Jérusalem était la capitale de l’Etat hébreux donc on est en droit légitime d’attendre de voir quelles décisions concrètes il prendra avant de le juger. Les promesses de campagne sont une chose mais le travail de président en est une autre sachant que B. Obama, comme tous les présidents américains, est entouré de « faucons » qui font la politique. Le président n’est donc de loin pas seul à décider et sachant les lobbies qui pèsent énormément dans les décisions politiques aux Etats-Unis il y a lieu de s’inquiéter.

  4. Dans sa longue liste pour démarrer son mandat, vous oubliez de dire qu’il nous
    prépare un viet-nam bis en Afghanistan, il est vrai qu’il récupère toute l’horreur que bush a laissé dèrrière lui, il ferme guantanamo, après que des hommes ont été massacré là-bas, rapatrie les boys après que l’Irak eut été détruite,et il va renforcer les alliances en Afghanistan pour détruire ce qu’il reste là-bas, d’ailleurs il va falloir sortir les mouchoirs pour les pleurer, surtout que ce pauvre peuple va se poser la question « pourquoi les américains se retirent de partout sauf de chez nous, qu’est ce qu’on a bien pu leur faire? »

    bref avec les américains, nous restons toujours dans la destruction de l’autre.
    Il y a un point de positif dans le règne de bush, c’est qu’il n’a fait qu’accélérer la crise dans laquelle ils se retrouvent et ça n’est que le début.
    Qui va s’aggraver avec le temps et ça ne pourra que les obliger à penser sérieusement à sortir leur citoyens de ce bourbier.

  5. Nous rêvions tranquillement d’un Obama qui changerait le monde, qui règlerait le conflit israëlo-palestinien, de petites de fleurs et d’une musique de fond de John Lennon…. et PAF!!

    Tu as cassé le rêve Tariq!!

    Maintenant réveillé, effectivement ça ne s’annonce pas fameux.
    Ce que tu nous dit en clair si je comprend bien c’est :  » Ne rêvez pas !! l’homme providentiel n’existe pas! c’est à chacun de se bouger personnellement comme d’habitude, on a rien sans rien »

    Ce doux rêve donnait tellement envie mais encore une fois, le raisonnement est juste, Obama à été élu avec des financements et des voies sionistes et en plus d’une courte majorité.

    De même que Hitler avait annoncé son programme dans « Mein Kamph » et l’a ensuite appliqué, Obama à clairement annoncé qu’Israël avait un droit légitime à Jerusalem et qu’ils étaient chez eux en Palestine… il annonce son programme..

    Cependant ont est en droit de s’interroger sur les contradictions avec ses idées écologiques et humanistes, ou ne serait-ce que poudre au yeux et show à l’américaine? ( le côtés écolo ils vont vraiment le faire tellement l’Amérique s’étouffe dans sa propre pollution, comme dans la ville de Houston)
    Peut-être bien, et vu la faible possibilité que le rêve se réalise nous avons intérêt à redoubler d’efforts et ne pas baisser la garde.

    L’une des meilleures choses que nous puissions faire est de continuer à informer autour de nous les indécis et renforcer les confirmés.

    C’est presque du prêche religieux, sauf que là c’est la logique de l’état du monde et de ses maux qui en est le dogme. Un Refus d’écouter une fois, n’est pas un refus à vie.

    • Salam alaykom,

      J’ai tellement apprécié Obama, j’ai tellement placé d’espoir en lui, j’en ai fait le président américain idéal. Ca me fait mal de tomber de mes petits nuages. Inconsciemment, j’étais poussée à croire qu’il serait bon, mais parfois je me disais de toute façon, il ne serait pas là aujourd’hui s’il était pour les musulmans. Forcément quand on sait le nombre de juifs aux Etats unis et dans la politique… Alors malgré tout je me rassure en me disant qu’au plus profond de lui-même, il n’est pas comme les autres car du sang musulman coule dans ses veines. Que c’est une victime contrainte de se plier au règles des lobbies sionnistes. Ce qui revient à dire qu’il est comme les autres…
      J’ai du mal à penser qu’il puisse faire du tort à des musulmans innocents.

    • Ne désespérez pas, et surtout pas de procès d’intention, il faut attendre un peu pour voir, sans s’ attendre à ce que Obama se transforme en Merlin l’ Enchanteur…..
      Le côté positif de son élection est qu’il réunisse un grand nombre d’Américains de différentes cultures et surtout un espoir tant attendu pour les Noirs qui ont tant souffert de la ségrégation.
      Mais il s’ agit de politique et les enjeux sont très variés, difficiles à relever et dangereux pour le nouveau président, en un mot il risquerait sa peau si il adoptait une attitude par trop révolutionnaire. A mon avis son aptitude au pragmatisme est un bon point pour lui, il faut savoir en politique négocier avec calme et détermination en maîtrisant ses émotions.

      Naturellement il ne s’agit pas d’ériger des forteresses contre nos émotions qui menacent de nous envahir à tout moment mais de susciter le désir de perfection, d’affinement, de loyauté
      nous empêchant de tomber dans la médiocrité.
      Ne point laisser les esprits se décourager et s’abattre et redonner confiance en l’avenir.

      « Bienheureux celui qui a appris à rire de lui-même : il n’a pas fini de s’amuser ! »
      [ Joseph Folliet ]

      Heureusement il existe des personnes intelligentes et charismatiques qui, malgré leurs détracteurs rayonnent par leur bonne volonté et leur courage, tels
      * M.Tariq Ramadan
      Ses propos ne laissent pas insensible, n’hésitant pas à remettre en cause certaines démarches islamiques.  » Les pires ennemis de l’islam, ce sont les musulmans eux-mêmes parce que ce sont eux qui dénaturent parfois le message « , avance-t-il.

      me rappelle les propos de
      * M.Barry White,(1944/2003) Pianiste précoce, producteur, chef d’orchestre, arrangeur, chanteur de Soul Music…
      lors d’ une interview: Si un enfant noir ne connaît pas Paul Robeson, ne le blâmez pas et ne condamnez pas la société blanche. Mais accusez la communauté noire.

      « – Je suis resté très proche des plus démunis. J’essaie d’apporter ma contribution.

      – Comment ?
      – En fournissant une aide financière, en donnant mon temps et mon esprit. Je soutiens beaucoup d’organisations de jeunes. Je suis actif dans ma communauté et je le demeurerai car de nombreux jeunes des ghettos pauvres sont des génies.

      – Quels ont été vos héros ?
      – Des hommes comme Martin Luther King, Malcolm X, Mohammed Ali… Ils ont accompli de grandes choses et m’ont profondément marqué.

      – Et Paul Robeson ?
      – Bien sûr, il m’a beaucoup influencé aussi. Malheureusement, peu d’entre nous savent encore qui il était. C’est la faute de la communauté noire. En effet, nous devons rendre hommage de nous-mêmes à nos héros. Nous avons trop tendance à attendre que les Blancs érigent une statue en mémoire de Paul Robeson, Mohammed Ali ou toute autre personnalité qui a contribué à la grandeur de l’Amérique. Si un enfant noir ne connaît pas Paul Robeson, ne le blâmez pas et ne condamnez pas la société blanche. Mais accusez la communauté noire.

      – Comment analysez-vous la situation en Afrique ?
      – Je suis africain avant tout. L’Afrique est dans mon cœur, dans tout mon être. Je sais qu’il y a, là-bas, des dirigeants aussi corrompus que ceux des Etats-Unis. Tant que nous n’aurons pas éliminé la corruption, aucun peuple ne pourra progresser. Ils finiront tous comme en Amérique : à genoux. Les Etats-Unis sont actuellement dans une situation dangereuse, sur tous les plans, économique, spirituel et mental. Les gens n’ont plus confiance dans leurs gouvernants. Ils veulent prendre en main leur vie…. »

      Dans « Change », un titre enregistré en 1983, il met en garde contre une évolution incontrôlée de la technologie et encourage les jeunes à s’éduquer et à développer leur conscience. « America » demande pourquoi le peuple doit quémander sa liberté, alors que l’Amérique proclame un idéal de justice. La réalité est tout autre. Les gens souffrent et ont faim.
      Malgré le succès, le « maestro » veille à préserver son indépendance à l’égard du show-business. Ses préoccupations sont beaucoup plus urgentes que l’image dans laquelle certains ont tenté de l’enfermer. « Merci pour ces questions inhabituelles », nous a-t-il dit à la fin de cette précieuse interview.

      * Propos recueillis dans l’ouvrage de M.André Gaillard (déporté politique pendant l’occupation allemande, professeur de médecine en retraite):
      Le sionisme fruit amer du Judaïsme.

      S’appuyant sur la dimension spirituelle du Judaïsme l’opposition juive au sionisme s’est manifestée dès l’apparition de l’entreprise sioniste et n’a jamais cessé jusqu’à la guerre de 1939-1945. La plupart de ces juifs refusèrent l’émigration en Palestine. De multiples données historiques, de multiples textes émanant de religieux, de laïcs ou d’historiens juifs en font foi.
      Citons par exemple :
      – la motion votée, sur la proposition du rabbin Isaac Meyer Wise, lors de la Conférence des Rabbins américains à Montréal en 1897 : « Nous désapprouvons totalement toute initiative visant à la création d’un État juif. Des tentatives de ce genre mettent en évidence une conception erronée de la mission d’Israël que les prophètes juifs furent les premiers à proclamer. Nous affirmons que l’objectif du judaïsme n’est ni politique, ni national, mais spirituel. Il vise une époque messianique où tous les hommes reconnaîtront appartenir à une seule grande communauté pour l’établissement du Royaume de Dieu sur la terre ». (Conférence centrale des Rabbins américains, Yearbook VII, 1897, p.12)

      – les propos du Baron de Rothschild à qui Théodor Herzl était venu demander son soutien : « Un état juif serait un ghetto et subirait les mêmes préjugés. L’état des Juifs, lui, serait mesquin, petit, intolérant, non libéral et orthodoxe. Il exclurait les non-Juifs et les Chrétiens ».

      – l’opposition violente à l’entreprise sioniste naissante du Bund. Cette organisation socio-démocrate créée à la fin du XIXe siècle et rassemblant des ouvriers juifs socialistes de Russie, de Pologne et de Lituanie prône une assimilation d’ordre universaliste.

      – la déclaration de Simon Wolf, le dirigeant du N’nai Brith (organisation juive structurée comme les ordres maçonniques) : « les États-Unis sont notre maison, notre Palestine » et il ajoutait en 1888 : « nous n’avons d’ambition que celle de prospérer sur cette terre d’adoption, dont nous avons contribué à la croissance matérielle, sociale et intellectuelle ». Pour lui, c’est la religion qui définit le Juif.

      De nombreux rabbins considéraient en effet la doctrine politique du sionisme comme « une insulte pour le judaïsme ». La terre de Palestine n’est qu’une terre virtuelle et symbolique : c’est la Torah qui représente le véritable monde du Juif religieux. Voyant dans le projet colonial des sionistes une dangereuse hérésie le directeur de l’Alliance israélite écrivait : «Chez nous, nous n’avons pas changé d’opinion sur les dangers du sionisme. Nous restons convaincu que ce mouvement aboutira à un insuccès final, et peut être même à une catastrophe »
      Quant au grand rabbin Yaakon Kappel Rottblum il disait dans une de ses lettres [92] : « Le danger du sionisme c’est qu’il fait accomplir au peuple juif des péchés, des choses mauvaises en lui faisant croire qu’ainsi il accomplit la loi divine. C’est en cela que consistait le péché des habitants de Sodome : ils n’avaient pas conscience de faire le mal ; ils pensaient au contraire qu’ils s’acquittaient de leur devoir de citoyens, qu’ils accomplissaient la loi de leur pays. Tels sont les sionistes. » Rappelons aussi que le premier congrès sioniste n’avait pu se tenir en Allemagne par suite de la protestation des rabbins allemands. Cette idée de la création d’un État laïque leur paraissait absolument sacrilège.
      Citons encore :
      – la déclaration présentée au président Wilson, pour la Conférence de la paix de 1919, par deux organisations juives américaines dirigées par des rabbins : l’UAHC (Union of American Hebrew Congregation) et le CCAR (Central Conference of American Rabbis). Après avoir dénoncé l’entreprise sioniste visant à sectoriser les Juifs en tant qu’unité politique et rappelé le principe d’égalité pour tous les citoyens de tous les États, la pétition mettait en garde contre le conflit entre Juifs et non-Juifs qu’entraînerait inexorablement la création d’un État juif en Palestine. Elle se terminait ainsi : « En ce qui concerne le futur de la Palestine, notre espoir fervent est que ce qui fut un jour la « Terre promise » pour les Juifs devienne une « Terre de promesse » pour toutes les races et croyances, sauvegardée par la Société des Nations qui sera, comme il est prévu, le fruit de la Conférence de la paix, attendue avec tant d’anxiété et d’espoir. Nous demandons que la Palestine soit constituée en État libre et indépendant gouverné sous une forme démocratique, par un gouvernement reconnu, indépendamment de toute appartenance religieuse et ethnique, et avec un pouvoir adéquat pour protéger le pays contre toute oppression quelle qu’elle soit. Nous ne souhaitons pas voir la Palestine, maintenant ni jamais dans le futur, organisée comme un État juif ».

      – l’avis de Sigmund Freud en 1930. En réponse à un appel de Chaim Koffler membre viennois du Keren Hajesod, la Fondation pour l’installation des Juifs en Palestine qui lui demande de soutenir la cause sioniste il écrit : « Je ne crois pas que la Palestine puisse devenir un jour un État juif ni que le monde chrétien comme le monde islamique puissent un jour être prêts à confier leurs lieux saints à la garde des Juifs. Il m’aurait semblé plus avisé de fonder une patrie juive sur un sol historiquement moins chargé […] Je ne peux éprouver la moindre sympathie pour une piété mal interprétée qui fait d’un morceau du mur d’Hérode une relique nationale et, à cause d’elle, défie les sentiments des habitants du pays. » [93].

      – la déclaration d’Albert Einstein en 1938 : « La conscience que j’ai de la nature essentielle du judaïsme se heurte à l’idée d’un État juif doté de frontières, d’une armée, et d’un projet de pouvoir temporel, aussi modeste soit-il. Je crains les dommages internes que le judaïsme subira en raison du développement dans nos rangs, d’un nationalisme étroit dans nos propres rangs […] Devenir une nation, au sens politique du mot, équivaudrait à se détourner de la spiritualité de notre communauté que nous devons au génie de nos prophètes.
      Tandis qu’il refuse la présidence de l’État d’Israël que lui proposent les sionistes, probablement pour le corrompre, Einstein avec Hannah Arendt et 26 autres Juifs éminents dans une lettre au New York Times du 4 décembre 1948 : « condamnent le parti du Likoud de Menachem Begin et de Yitzhak Shamir comme un parti fasciste composé d’un mélange d’ultra nationalisme, de mysticisme religieux et de supériorité raciale. »

      Stefan Zweig fustige, lui aussi, le sionisme promu par Theodor Herzl. Pour lui, la grandeur du peuple juif réside dans le fait qu’il n’a ni territoire, ni armée et qu’il n’existe que par sa référence à la Torah. « Je tiens, écrit-il, les idées nationales pour dangereuses comme toutes les limitations et je vois dans le projet de réalisation du judaïsme un recul et un renoncement à sa mission la plus haute ».

      Judah Magnes, président à l’Université hébraïque de Jérusalem, lors de son allocution d’ouverture à la rentrée de 1946 prend de même résolument parti contre l’idéologie sioniste de plus en plus pressante : « Nous ne pouvons pactiser avec une société où le nationalisme est devenu un credo imposé. À la lumière de notre conception universaliste de l’histoire du destin juif, et aussi parce que nous sommes préoccupés par la situation et la sécurité des juifs dans les autres parties du monde, nous ne pouvons souscrire à l’orientation politique qui domine le programme sioniste actuel, et nous ne la soutenons pas. Nous pensons que le nationalisme juif tend à créer la confusion chez nos compagnons sur leur place et leur fonction dans la société, et détourne leur attention de leur rôle historique : vivre en communauté religieuse partout où ils sont… La nouvelle voix juive parle par la bouche des fusils…Telle est la nouvelle Thora de la terre d’Israël. Le monde a été enchaîné à la folie de la force physique. Le ciel nous garde d’enchaîner maintenant le judaïsme et le peuple d’Israël à cette folie. C’est un judaïsme païen qui a conquis une grande partie de la puissante diaspora. Nous avions pensé, au temps du sionisme romantique, que Sion devait être racheté par la droiture. Tous les juifs d’Amérique portent la responsabilité de cette faute, de cette mutation… même ceux qui ne sont pas d’accord avec les agissements de la direction païenne, mais qui restent assis, les bras croisés. L’anesthésie du sens moral conduit à son atrophie. » (in Norman Bentwich. For Sion sake. Biographie de Judas Magnes. Jewish Publication society of America, 1954, p. 352).

      Parallèlement, de nombreuses organisations juives, notamment d’Allemagne (l’Association des rabbins, l’Association centrale des Juifs d’Allemagne), de France (l’Alliance israélite universelle), d’Autriche (l’Israelitische Allianz), l’Association de la communauté juive de Londres montrent la même opposition déterminée au sionisme qui « ronge et corrompt la pensée juive », une opposition formelle toujours basée sur la vocation essentiellement spirituelle de la Torah et du judaïsme.

      En fait, à mon avis il faut exclure les liens du sang, en ce qui concerne les religions, la politique, la spiritualité au risque d’ un amalgame et d’ une gethoïsation qui mènent au racisme à la fois dans son sens propre ( catégorie biologique ) et dans son sens métaphorique (catégorie sociale ou idéologique) et ne pas mélanger politique et religion.

      « Le monde est dangereux à vivre !
      Non pas tant à cause de ceux qui font le mal, mais à cause de ceux qui regardent et laissent faire. »
      [ Albert Einstein ]

       » L’homme le plus inquiet d’une prison est le directeur.  » ( Maximes pour Révolutionnaires.) Shaw, George Bernard

  6. d’ores et déjà une occasion s’offre au monde civil qu’il faut saisir .l’économie en berne ,une crise financière sans précedent, et une explosion de la démographie mondiale, un cocktail explosif! L’ensemble se greffe à une politique dramatique et ridicule de la première puissance (usa),une rupture aux années sataniques de bush s’imposait. Chose faite. Devant une vitrine sale et salie (injustice,des guerres sur tous les fronts,corruptions, etc…) le congrès a pris un ensemble d’initiatives dans l’unique souci de redorer l’image des usa. Or ce changement est dans la forme et pas dans le fond car ces loubards (membres de congrès) majoritairement sionistes agissent insidieusement dans l’obscurité et OBAMA ne fait que suivre l’orchestre. Sauf que cette fois-ci, ces loubards sont bel et bien préoccupés par eux même. C’est la FITNA promise si longtemps; ALLAH (swt) se charge des criminels. Devant ce scénario le monde civil dans sa globalité lui reste que la délivrance; le monde est libre s’il veut vraiment car d’ores et déjà tout changement est possible. Le loup s’est fait attrapé par sa propre queue; sauve qui peut! Chawki

  7. Bonjour,
    je souhaiterais seulement savoir si les articles où l’auteur n’apparaît pas à la fin étaient écrit par Tariq Ramadan lui-même.
    Quelqu’un peut-il m’aider ?

    • Bonjour,

      L’auteur est toujours indiqué en haut de la page, merci.

      Cordialement,

      La modératrice

  8. salam aleykoum

    Je m’étonnes de la naiveté de certains!

    A la veille de l’élection d’Obama ,je pouvais entendre les uns et les autres de se réclamer pro Obama et voter virtuellement pour lui .

    Au lendemain de son élection ,de constater la joie et le sourire sur le visage des gens ,des expréssions de gaiétés un peu partout a travers le monde

    Obama serait il l’homme providentiel ?

    Certains ,dans la communauté musulmane ,ont penser qu’il serait pro musulman :est ce là ce que l’on attend des responsables politique a travers le monde ?

    Pourtant des responsables politiques pro musulman foisonnent a travers les pays dit « islamiques » :est ce que les choses ont changer pour autant ?

    Nos espoirs sont certes légitimes mais ces espoirs ne prendront forme et vie que quand nous réaliserons que nous devrons être nos propres espoirs et nous activer a rendre le monde meilleur

    En attendant ce jour ,nous aurons a subir les descisions des uns et des autres ,qu’elles viennent d’amérique ou d’ailleurs

    Notre responsabilité devant Dieu ,devant les hommes et notamment les appels au secours de nos frères et soeurs en Palestine ,nous obligent a plus de clairvoyance et a plus de sacrifice :nous sommes de passage en ce monde ,ne l’oublions pas et nous aurons des comptes a rendre ,c’est certain !

    Notre faiblesse ,pour ne pas dire notre lacheté ,de nous dédouane pas de cette responsabilité a essayer d’apporter notre pierre à la construction de l’édifice :bien au contraire ,je pense que cela devient obligatoire pour celui et celle qui ont des sentiments de justice ,d’égalité et de fraternité

    Mais cela ne sont que des mots ,meme de ma part ,qui est toujours été lache pour ne pas vouloir voir la triste réalité de ce monde

    Mais il n’est pas trop tard de se réveiller et de prendre acte :je profites pour saluer le courage de notre frère Tariq ,qui pour moi est un exemple ,concernant ces positions sur les chatiments corporels,bravant souvent la mauvaise foi de ces gens au double discours

    Il est a rappeler que si nous ,par la grace de Dieu ,avons pu faire le pélerinnage ou que nous pourrons le faire dans les prochaines années ,lui est interdit de séjour la bas !

    C’est, semble t il ,le prix a payer pour essayer de changer les choses

    Que Dieu te bénisse mon frère Tariq et n’hésites pas a me solliciter :Si je peux faire quelque chose ,même d’insignifiant ,cela sera avec grand plaisir 🙂

    salam aleykoum

  9. Salam Aleykoum à vous tous,

    *** D’accord sur le fond. Par contre ! ***

    Même si nous devons nous intéressé à ce qui se passe ailleurs, et participer aux changements, notamment là ou les répercutions sur nos vies sont importantes (comme aux Etats-Unis), la priorité reste à mon humble avis nous même ! n’est ce pas ?
    Que l’ex URSS ai gagné ou perdu, ou que l’USA, La chine ou l’Inde ou même l’UE dirige le monde, les situations ou l’état global des communautés et pays musulmans ne changera pas ou peu tant qu’elles ne se prennent pas en charge par elle-même de manière structurée et intelligente.
    Vous l’avais compris, le problème du religieux d’aujourd’hui, est qu’il se détache souvent des réalités sur le terrain a cause (surtout) de sa philosophie de l’au-delà qui lui supprime l’initiative et l’agir dans le présent.
    Et c’est la dessus, que votre discours est d’un apport positif en lui donnant plus envie et les raisons à participer aux décisions d’aujourd’hui, pour ne pas se re retrouver encore une fois dans 30 ou 50 ans toujours à l’arrière du train si ce n’est assis sur le quai.
    La seul critique tout en étant très loin de vos contraintes, c’est qu’un discours axé uniquement sur l’Europe est réducteur à la cause musulmane.
    Je ne suis pas de ceux qui souhaite voir un partie religieux au pouvoir (ici ou ailleurs) car je pense que cela n’est pas le but de la religion, mais un résultat qu’il faut accepter quand cela arrive, et accepter à vivre sans quand cela n’est pas le cas. Aussi la chance de voir toute opposition dans un partie religieux tant vers 0. La laïcité couvre suffisamment les besoins du musulman selon sa définition, en Europe, c’est son application qui est instrumentalisé en France qui provoque un refoulement de ce mot partout.
    Mais pour revenir au sujet, je trouve que votre discours riche et précis mais je ne sais toujours pas dans quelle catégorie le placer dans mon minuscule cerveau : politique, culturelle, religieuse, un panaché de quelques catégories …etc.
    N’y-t-il pas là une perte d’énergie ?
    Ne serait-il pas plus efficace de placer ce discours sur des railles en choisissant une des catégories ?
    Merci en tout cas pour votre travail.

    Wa essalamou aleikoum wa rahmatou allahi wa barakatouh.

  10. Salem

    Merci pour tt les efforts Frère Tariq !!
    Cependant, que faire avec toute cette politique ?! Mieux est d’aider et orienter les jeunes musulmans (nes) qui ont tellement besoin …

  11. je suis tout a fait d’ accord!!! et en particulier avec le massacre a gaza !! je me demande si la justice existe ! des enfants meurt des femmes des enfant des etres humains !!!! et par dessus tout israél ne veut rien entendre et au fond je pense que meme si ils arretent au fond sa restera les memes!! c’ est a dire des personnes qui ne veulent qu’ une chose la victoire et la reconnaissace !

  12. Je n’ai pas vraiment l’habitude de saluer L’Express pour sa ligne éditoriale (surtout si on lit ce qu’a écrit Christophe Barbier sur Israel qui commet, je cite, « une guerre juste » « et qui fait notre boulot à notre place »), mais il faut dire que l’article de Vincent Hugeux « Le Destin d’Israel » est plutot courageux. je le reporduis ici, il est trouvable sur le site de l’Express.

    Le destin d’Israël
    Par Vincent Hugeux, publié le 30/01/2009

    La guerre à Gaza est venue le rappeler: l’utopie sioniste a mal résisté à l’épreuve du réel. Afin de la ranimer, les héritiers de Ben Gourion devront s’affranchir du culte de la suprématie militaire et changer le regard qu’ils portent sur le monde. En réinventant une identité nationale.
    « Où va Israël? », « Israël peut-il survivre? », « Quel Israël demain? »: une volée d’étagères suffirait à peine à archiver la ribambelle d’essais et de magazines ainsi titrés depuis trente ans. Les réponses à ces interrogations rhétoriques, elles, tiennent sur un Post-it.

    Où va Israël? On le saura quand le pays aura retrouvé sa boussole et sa longue-vue. Israël peut-il survivre? Bien sûr. Reste à deviner sous quelle forme, dans quel état et dans quel Etat. De l’avant-poste démocratique à la citadelle hautaine et autiste, les pythies proche-orientales ébauchent mille scénarios. Mais aucun, sans doute, ne comblerait Theodor Herzl, père du sionisme moderne, ou David Ben Gourion, l’éclaireur de l’indépendance. Jeune sexagénaire, l’Etat juif tâtonne, tiraillé entre l’utopie d’hier et les périls de demain, entre l’idéal humaniste et l’ivresse de puissance, entre son histoire, épique et sombre, et cette géographie que rien ne saurait abolir.

    Une offensive à l’efficacité encore indéchiffrable

    Le 10 février, à la faveur d’un scrutin législatif anticipé, les électeurs se choisiront non un capitaine sûr de son cap – tous les partis en manquent – mais un chef de quart au verbe martial. Loin de dégager l’horizon, la « guerre de Gaza » l’aura nimbé d’une brume d’euphorie éphémère et trompeuse. La loi des armes est un alcool fort; gare à la gueule de bois. La victoire en trompe l’oeil, aux dépens des islamistes du Hamas, restaure moins la « capacité de dissuasion » de l’armée, sapée à l’été 2006 par l’échec de l’aventure libanaise, que l’image qu’Israël se fait de lui-même. C’est à cette aune qu’il faut juger l’unanimisme patriotique – indiscutable – qu’a suscité une offensive à l’efficacité encore indéchiffrable.

    Près de Gaza, le 11 janvier, des soldats de l armée israélienne peu avant une attaque sur le nord du territoire palestinien. La loi des armes est un alcool fort.

    Un signe: le zèle des réservistes, sourds aux appels à l’insoumission. Seuls trois rappelés ont brièvement tâté du gnouf pour refus de servir. Nul doute que les soldats de Tsahal, ulcérés par la pluie de roquettes Qassam lâchées depuis huit ans sur des cibles civiles, brûlaient d’en découdre.

    Mais leur triomphalisme, au retour d’une bande de Gaza écrasée sous un déluge de fer et de feu, avait quelque chose de puéril et de malsain. Ils se vantent volontiers d’avoir été « brutaux » ou « sauvages ». Et regrettent amèrement un cessez-le-feu jugé prématuré.

    Nul doute que les soldats de Tsahal brûlaient d’en découdre
    La « rage contrôlée » que préconisait l’état-major ne le fut pas toujours. Pour preuve, ces familles palestiniennes décimées par des bombardements hasardeux. « Une guerre bestiale, aveugle et inutile », fulmine un éditorialiste du quotidien Haaretz. « Le plus lourd bilan civil depuis le pilonnage de Beyrouth en 1982, souligne en écho l’historien Tom Segev. David contre Goliath? Soit. Mais, ces jours-ci, David parle arabe. »

    En réponse, la hiérarchie galonnée invoque les procédés « monstrueux » du Hamas: immeubles piégés, boucliers humains, miliciens planqués dans des écoles ou des hôpitaux. De même, « l’armée la plus éthique du monde » jure avoir tout fait pour épargner les civils, informés des frappes imminentes par téléphone, par sms ou par tracts. « On a même piraté les radios locales pour diffuser nos messages », insiste un gradé. Il n’empêche. Faut-il être cynique, ou obtus, pour soutenir, comme cet officier cité par le Jerusalem Post, que « ceux qui voulaient sauver leur maison n’avaient qu’à empêcher les terroristes de les bourrer d’explosifs »!

    La formule, fameuse ici, fleurit souvent au son du canon: « Yorim ve-Bokhim [On tire et on pleure]. » Mais, si l’on tire à balles réelles, voire des obus au phosphore, on verse des larmes de crocodile. A entendre les porte-parole de Tsahal, tout soldat se bat le fusil M-16 dans une main et la convention de Genève dans l’autre. « Nous avons cette manie de prétendre tuer et soigner en même temps, peste Gideon Levy dans Haaretz. C’est impossible. »

    Dotée depuis dix ans d’un « code éthique », l’armée planifie ses opérations avec le concours de sa division « droit international » et d’un aréopage de conseillers juridiques, quitte à ignorer au besoin leurs avis. A la clef, un mélange très israélien de férocité et de juridisme, afin de se prémunir contre les foudres de la justice internationale, déjà saisie de plaintes pour crimes de guerre. Et la censure militaire interdit aux médias de divulguer l’identité des commandants de l’opération « Plomb durci », pour mieux les couvrir. Quant au chef du gouvernement sortant, Ehud Olmert, il a ordonné à son ministre de la Justice de coordonner la défense de l’Etat d’Israël. « Notre image, tranche le président, Shimon Peres, compte moins que nos vies. »

    Que valent celles des Arabes? Pas grand-chose. « Les Gazaouis ont grosso modo ce qu’ils méritent », assène un cafetier. D’ailleurs, existent-ils vraiment? On les désigne souvent sous le vague concept de « Ha-tsad Hasheni » (ceux de « l’autre côté »). L’innommé n’est jamais très loin de l’innommable.

    Vous pouvez fort bien converser vingt minutes avec un illustre chroniqueur télé sans que jamais le mot « Palestinien » ne monte à ses lèvres. Les voici relégués « on the other side ». Tout comme leurs cousins de Cisjordanie, isolés par le « mur de sécurité » qui court du nord au sud sur près de 700 kilomètres, frère jumeau de la « muraille de fer » prônée dès 1923 par Zeev Jabotinsky, rival de Ben Gourion.

    Ce culte de l’afrada (séparation) n’est que l’une des facettes de la tentation de déni géopolitique: maints Israéliens rêvent, semble-t-il, de se délester de leur orientalité pour s’arrimer à un Occident dont ils fustigent pourtant l’indifférence, voire l’hostilité. Ainsi naviguent-ils souvent entre la volonté farouche de convaincre et le ressentiment de l’incompris.

    Quand roulent les tambours de la guerre, les stéréotypes relatifs aux Aravim (Arabes) défilent en rangs serrés. Citons-en deux: ces gens-là n’entendent que le langage de la force; il n’y a pas, côté palestinien, de partenaire pour la paix. Reflets d’une troublante méconnaissance du voisinage, ces à-peu-près alimentent la propension à l’unilatéralisme. Tel est le cas en août 2005, lorsque Ariel Sharon, alors Premier ministre, ordonne le retrait de Gaza sans y associer une Autorité palestinienne traitée par le mépris, livrant dès lors l’étroite bande littorale au Hamas. Idem le 21 janvier, avec un cessez-le-feu décrété en solo. Israël, il est vrai, a toujours peiné à surmonter ses victoires. En 1967, au lendemain de la guerre des Six-Jours, c’est en vain que le légendaire Moshe Dayan plaidera pour un repli immédiat. Voilà le paradoxe d’Israël, royaume des triomphes désastreux.

    On désigne souventles Palestiniens sous le vague concept de « Ha-tsad Hasheni » (ceux de « l’autre côté »)
    A contre-courant du dédain de rigueur, quelques francs-tireurs écoutent encore les cris de détresse venus de « l’autre côté ». Quitte à passer, au pire, pour des traîtres à la patrie, au mieux, pour des « Yefei Nefesh », ces belles âmes que tout faucon se doit d’accabler de sarcasmes.

    Etudiante à Sderot, ville meurtrie par les tirs de roquettes, Hadas a lancé par courriels, au coeur de l’offensive, un appel aux dons de vivres, de vêtements et de couvertures. Epaulée par plusieurs ONG, elle a collecté de quoi charger huit camions; cargaison entreposée, jusqu’à son acheminement à Gaza, dans un hangar de Kfar Azza, kibboutz hanté lui aussi par les Qassam. A l’entrée de Zikkim, autre village collectif frontalier de la bande, trône une étrange hanoukkia, chandelier cher à la tradition juive: en guise de branches, neuf tubes de roquettes. « De l’art conceptuel », ironise le « gauchiste » Marc Lévy, natif du Caire.

    Le fracas des bombes et les clameurs conquérantes auront couvert les grincements d’une société fragmentée. Mais, si durci soit-il, le plomb de Tsahal ne masquera pas longtemps les fissures des piliers de l’Etat juif. On loue la vaillance des soldats? Soit. De là à oublier que 28 % des appelés – à commencer par les ultraorthodoxes – se dérobent à la conscription obligatoire…

    Le fossé entre laïques et zélotes de la Torah se creuse de jour en jour. Et le temps, comme la vitalité démographique, travaille pour les théocrates: en 2030, leur poids au sein de la population juive de Jérusalem aura franchi la barre des 50 %.

    Les patriarches du sionisme, dessein plus national que religieux, réprouveraient à coup sûr l’emprise tatillonne que le rabbinat exerce sur le mariage, le divorce et les conversions. Rien ne prouve que les largesses accordées par l’Etat aux colons de Cisjordanie les raviraient. De même se désoleraient-ils du naufrage de l’idéal d’équité sociale.

    Près de 1 Israélien sur 4 campe sous le seuil de pauvreté. Sur ce front-là, aucune embellie en vue: hier porté par une croissance soutenue, le pays paie cash le prix de la récession mondiale. On annonce pour 2009 la suppression de 14 000 emplois industriels.

    D’autres fêlures plongeraient le Viennois Herzl dans la perplexité. L’une, historique, passe entre les Séfarades, juifs orientaux, et les Ashkénazes venus d’Europe centrale. Les Marocains de Sderot croient dur comme fer que le pouvoir n’aurait pas tant tardé à mater les lanceurs de Qassam si des Polonais de souche avaient sorti du néant cette « ville de développement ».

    Une autre faille, plus béante que jamais, renvoie Israël à son ambiguïté identitaire: tous les sondages confirment le rejet croissant, par la majorité juive, d’une minorité arabe qu’elle refoulerait volontiers de l' »autre côté ». Etat juif, Etat des juifs, Etat de ses citoyens: le vieux dilemme a de beaux restes.

    Libérer Israël de son tropisme insulaire

    Certes, Theodor Herzl et ses disciples s’émerveilleraient de la robustesse de cette patrie surgie des cendres de l’indicible barbarie. Ils salueraient la vivacité de ses joutes politiques ou la fermeté d’une justice dont l’indépendance à l’égard du pouvoir laisse rêveur. Mais sauraient-ils convaincre leurs lointains héritiers de libérer Israël de son tropisme insulaire, de penser son destin dans ce coin du monde tel qu’il est?

    On veut croire que Barack Obama, lui, le peut. Ou, à tout le moins, qu’il le veut: « Notre puissance seule ne peut nous protéger, affirme le nouveau président des Etats-Unis. Pas plus qu’elle ne nous autorise à agir à notre guise […]. Notre sécurité repose sur la justesse de notre cause. »

    Même en Terre promise, le pire n’est pas toujours sûr. Pas de formule miracle, mais un socle solide: celui du plan ébauché par l’Arabie saoudite, endossé par la Ligue arabe, et qu’il urge de sortir de l’ornière. Que prévoit-il? La paix entre Israël et les 22 voisins de son « étranger proche » en échange d’un retour aux frontières de 1967. Et, bien entendu, de la création d’un Etat palestinien digne de ce nom.

    A défaut, ce pays né, selon l’ancien président du Parlement, Avraham Burg, de la tentative héroïque d’établir une société exemplaire, glissera vers un régime intenable d’apartheid par défaut. « Quand il a fallu choisir entre toute la terre d’Israël sans Etat juif et un Etat juif sans toute la terre, lança en 1949 David Ben Gourion à la Knesset, nous avons choisi l’Etat juif. »

    Où va Israël? Si les enfants des pionniers retrouvent ce chemin-là, on pourra enfin faire un peu de place sur les étagères.

  13. Dans cet entretien, B. Obama annonce (ou confirme) qu’il va s’adresser prochainement au monde musulman. Ce faisant, même si ses mots sont ceux du dialogue (qui place Israël en allié privilégié), il poursuit le clivage monde occidental/monde musulman. Ce n’est pas à mon sens un bon service à rendre à la cause de la paix.

    F

    ***

    Interview accordée par Obama à la chaîne Al-Arabiya : texte intégral
    mis en ligne le jeudi 29 janvier 2009

    Huffington Post , 26 janvier 2009
    http://www.huffingtonpost.com/2009/… va parler aux principales parties impliquées. Puis il me fera part de ses conversations. A partir de là, nous formulerons une réaction précise. Au bout du compte, il nous est impossible de dire aux Israéliens et aux Palestiniens ce qui est le mieux pour eux. Ils devront prendre un certain nombre de décisions. Mais ce que je crois, c’est que le moment est mûr pour que les deux parties se rendent compte que la voie qu’elles ont choisie ne va apporter à leurs peuples ni prospérité, ni sécurité. Il est donc temps de retourner à la table des négociations.

    Et cela va être difficile, cela va prendre du temps. Je ne souhaite pas avoir d’idées préconçues sur beaucoup de ces questions, et je souhaite m’assurer que nous ne soulevons pas des espoirs qui porteraient à croire que cela va se résoudre en quelques mois. Mais, si nous commençons à progresser avec constance, je crois fermement que les Etats-Unis (en oeuvrant de concert avec l’Union européenne, la Russie et les Etats arabes de la région) sont capables de faire d’importants progrès.

    Q. En substance, vous avez dit que ces questions, tel le problème israélo-palestinien, devaient être considérées dans une approche globale de la région. Devons-nous nous attendre à un paradigme différent, au sens où, dans le passé, l’une des critiques adressées aux Etats-Unis, du moins du côté arabo-musulman, était que tout ce qui avait été testé l’avait toujours été pour voir si cela fonctionnait du seul côté israélien ? Aujourd’hui, nous avons un plan de paix arabe qui concerne toute la région. Et vous-même l’avez indiqué. Assistons-nous à un changement de doctrine ?

    B.O. Ici, je pense que c’est très important. Considérez la proposition avancée par le roi Abdallah d’Arabie saoudite.

    Q. Exact.

    B.O. Je peux ne pas être d’accord avec chacun des aspects de cette proposition, mais il a fallu beaucoup de courage…

    Q. Absolument

    B.O. … pour avancer quelque chose d’aussi important. Je crois que, partout dans la région, il y a des idées pour parvenir à la paix.
    Je pense réellement qu’il nous est impossible de réfléchir uniquement en termes de conflit israélo-palestinien, sans tenir compte de ce qui se passe en Syrie, en Iran, au Liban, en Afghanistan ou au Pakistan. Tout cela est lié. Et ce que j’ai dit, et je crois qu’Hillary Clinton l’a exprimé lors de sa nomination, c’est que si nous considérons la région dans son ensemble, et si nous envoyons un message au monde arabe et musulman qui dit que nous sommes prêts à lancer un nouveau partenariat fondé sur le respect et les intérêts mutuels, alors je pense que nous pouvons faire d’importants progrès.

    Cela dit, Israël est un allié fort des Etats-Unis, et cela ne s’arrêtera pas. Et je continuerai de croire que la sécurité d’Israël est d’une importance capitale. Mais je crois aussi qu’il y a des Israéliens qui reconnaissent qu’il est important de parvenir à la paix. Ils seront prêts à faire des sacrifices si le moment est approprié et s’il y a un partenaire sérieux de l’autre côté.

    Ce que nous voulons donc, c’est écouter, mettre de côté certaines idées préconçues qui ont existé et se sont renforcées ces dernières années. Et je crois que, si nous faisons cela, alors il y a au moins une possibilité d’effectuer une percée.

    Q. Avant d’aborder le monde arabe de façon générale, une dernière question à propos du théâtre palestino-israélien. De nombreux Palestiniens et Israéliens sont frustrés par leur situation actuelle et ils sont en train de perdre espoir. Ils ont perdu toute illusion et pensent que le temps de la solution à deux Etats est compté, essentiellement à cause de la colonisation dans les territoires palestiniens occupés. Sera-t-il possible de voir un Etat palestinien (vous en connaissez les contours) au cours de votre premier mandat ?

    B.O. Je pense qu’ il est possible (je ne vais pas fixer de calendrier) de voir naître un Etat palestinien ayant une continuité géographique, qui permette à ses citoyens la liberté de circuler, qui permette de commercer avec d’autres pays, qui permettre la création d’entreprises et de commerces, afin que les gens aient une vie meilleure.
    Vous savez, je pense que quiconque a étudié cette région reconnaît que la situation du Palestinien moyen, dans la plupart des cas, ne s’est pas améliorée. L’important, au fond, est qu’avec toutes ces négociations, tous ces pourparlers, est-ce qu’un enfant des territoires palestiniens va s’en trouver mieux ? A-t-il un avenir pour lui-même ? Et un enfant en Israël va-t-il se sentir plus en sécurité, plus en confiance ? Et si nous gardons le cap qui consiste à rendre la vie meilleure et à regarder en avant, et non pas seulement tous les conflits, toutes les tragédies du passé, alors, je pense que nous avons une chance d’avancer réellement.

    Mais cela ne sera pas facile. C’est la raison pour laquelle George Mitchell se rend dans la région. Il est doué d’une patience et d’une habileté extraordinaires, cela va être nécessaire.

    Q. Absolument. Considérons maintenant la région au sens large. Vous comptez vous adresser au monde musulman depuis une capitale musulmane dans les cent premiers jours de votre mandat. Tout le monde se demande de quelle capitale il s’agit (rires). Si vous aviez des précisions, ce serait très bien. Et êtes-vous inquiet ? Parce que, franchement, quand je vois certaines choses sur l’Amérique – dans certaines parties du monde, je ne veux pas exagérer – il y a une diabolisation de l’Amérique.

    B.O. Absolument

    Q. C’est devenu une sorte de nouvelle religion, qui a ses propres convertis et ses propres prêtres.

    B.O. Exact.

    Q. Il n’y a plus que le texte religieux

    B.O. Tout à fait.

    Q. Traditionnellement (depuis le 11 septembre et à cause de l’Irak, l’aliénation est grande entre le monde arabe et les Américains), et pendant des générations, les Etats-Unis jouissaient d’un certain prestige, étant la seule puissance occidentale sans héritage colonial.

    B.O. C’est vrai

    Q. (…) Parce que les gens sentent que vous tenez un discours politique différent. Et je pense, à en juger par (inaudible), Zawahiri et Ben Laden et tous ceux-là, vous savez, comme en chœur …

    B.O. Oui, j’ai remarqué. Ils semblent nerveux.

    Q. Très nerveux, exactement. Alors, dites-moi pourquoi ils devraient se sentir encore plus nerveux.

    B.O. Eh bien, je pense que quand on considère la rhétorique qu’ils utilisent avant même ma prise de fonction …

    Q. Je sais, je sais.

    B.O. C’est ce qui me dit que leurs idées ont fait faillite. Aucune de leurs actions n’a donné à un enfant musulman une meilleure éducation, ou de meilleurs soins. Dans mon discours d’investiture, j’ai parlé de cela : on sera jugé sur ce que l’on aura construit et non sur ce que l’on aura détruit. Tout ce qu’ils ont fait, c’est détruire des choses. Sur le long terme, je pense que le monde musulman a pris conscience que cette voie ne menait nulle part, sinon à davantage de mort et de destruction. , mon travail consiste à dire que les Etats-Unis ont un rôle à jouer dans le bien-être du monde musulman, que le langage que nous utilisons doit être celui du respect. J’ai des membres de ma famille qui sont musulmans. J’ai vécu dans des pays musulmans.

    Q. Le plus grand.

    B.O. Le plus grand, l’Indonésie. Je souhaite donc transmettre le fait que, au cours de tous mes voyages de par le monde musulman, j’en suis arrivé à comprendre que peu importe leur foi (et l’Amérique est un pays de musulmans, juifs, chrétiens, non-croyants), peu importe leur foi, les gens ont tous en commun des espérances et des rêves.

    Et mon travail est de faire savoir au peuple américain que le monde musulman est empli de gens extraordinaires qui veulent simplement vivre leur vie et voir leurs enfants mener une vie meilleure. Mon travail auprès du monde musulman est de faire savoir que les Américains ne sont pas vos ennemis. Nous avons parfois commis des erreurs. Nous n’avons pas été parfaits. Mais si vous considérez l’histoire, comme vous le dites, l’Amérique n’est pas née en tant que puissance coloniale, et il n’y a aucune raison de ne pas restaurer la relation de respect et de partenariat qui régnait avec le monde musulman il y a encore 20 ou 30 ans. Je pense que cela sera une tâche extrêmement importante.

    Mais, au bout du compte, les gens me jugeront sur mes actes et sur ceux de mon administration, et non sur mes paroles. Et je pense que ce que vous allez voir au cours des prochaines années, c’est que je ne vais peut-être pas être d’accord avec ce que tel ou tel dirigeant musulman dira, ni avec ce qui sera dit sur une chaîne de télévision arabe, mais je crois que ce que vous verrez, c’est quelqu’un qui écoute, qui est respectueux et qui essaie de promouvoir, non seulement les intérêts des Etats-Unis, mais aussi ceux des gens ordinaires qui, en ce moment même, souffrent de la pauvreté et d’un avenir bouché. Je veux m’assurer que je m’adresse à eux aussi.

    Q. Dites-moi, il nous reste peu de temps, y a-t-il une décision prise concernant le prochain pays musulman auquel vous allez rendre visite ?

    B.O. Là, je ne vais pas vous donner de scoop.

    Q. L’Afghanistan ?

    B.O. Peut-être la fois d’après. Mais je veux dire quelque chose d’important. Je veux que les gens sachent que nous préparons une série d’initiatives. L’envoi de George Mitchell au Moyen-Orient est l’écho d’une promesse faite au cours de ma campagne : nous n’attendrons pas la fin de mon administration pour nous occuper de la paix entre Palestiniens et Israéliens. C’est dès maintenant que nous commençons. Cela peut prendre du temps, mais nous allons le faire dès maintenant. Nous allons respecter notre engagement : je m’adresserai au monde musulman depuis une capitale musulmane. Nous allons respecter nos engagements et effectuer un travail plus efficace pour toucher le monde arabe, l’écouter et lui parler.

    Vous me verrez aussi réduire les troupes en Irak, pour que les Irakiens assument davantage de responsabilités. Et, finalement, je pense que vous avez déjà vu une promesse tenue, Guantanamo a été fermée. Même si nous réaffirmons clairement que nous serons aussi déterminés qu’auparavant à lutter contre les organisations terroristes qui tuent des civils innocents, nous allons le faire à notre manière, en respectant l’Etat de droit qui fait que l’Amérique est grande.

    Q. Le président Bush avait parlé de « guerre contre le terrorisme » dans un sens très large, et parfois d’une terminologie particulière, le fascisme islamiste. En revanche, vous avez toujours replacé cela dans un cadre différent, en particulier contre un groupe nommé al-Qaïda et ses collaborateurs…

    B.O. Il s’agit d’un point très important. Car la terminologie que nous utilisons, cela compte. Ce qu’il nous faut comprendre, c’est qu’il existe des organisations extrémistes (musulmanes ou d’autres religions, dans le passé) qui se servent de la religion pour justifier la violence. Or il ne faut pas se servir d’un rouleau à peinture pour dépeindre une religion comme une conséquence de la violence qui s’exerce au nom de cette religion.

    En conséquence, je pense que vous verrez que mon administration se montrera très claire dans la distinction entre des groupes comme al-Qaïda, qui adoptent la violence et le terrorisme comme seuls moyens d’action, et des gens qui peuvent être en désaccord avec mon administration et certaines de ses actions, ou qui peuvent avoir un point de vue particulier sur la manière dont leur pays doit se développer. Nous pouvons avoir des désaccords légitimes tout en ayant du respect. Je n’ai aucun respect pour des organisations terroristes qui tuent des civils innocents, et nous les pourchasserons. Mais envers le monde musulman en général, nous tendrons la main de l’amitié.

    Q. Puis-je terminer par une question rapide sur l’Irak et l’Iran ?

    B.O. C’est à votre équipe d’en décider.

    M. Gibbs (qui est-il ? ndt) Vous avez 30 secondes (rires).

    Q. Les Etats-Unis vont-ils vivre un jour avec un Iran nucléarisé ? Et jusqu’où irez-vous pour empêcher cela ?

    B.O. Vous savez, j’ai dit pendant ma campagne qu’il était très important que nous nous assurions de l’adéquation des moyens à notre disposition, y compris la diplomatie, dans nos relations avec l’Iran.

    Le peuple iranien est un grand peuple, la civilisation perse est une grande civilisation. L’Iran a agi d’une façon qui n’est pas profitable à la paix dans la région : les menaces contre Israël ; la recherche de l’arme nucléaire qui pourrait déclencher une course aux armements dans la région, ce qui ne contribuerait en rien à la sécurité ; le soutien à des organisations terroristes dans le passé. Rien de tout cela n’a aidé. Mais je pense réellement qu’il est important pour nous d’être prêts à parler à l’Iran, d’exprimer très clairement où sont nos différences, mais aussi où sont nos perspectives de progrès. Dans les prochains mois, nous allons proposer un cadre général et une approche. Comme je l’ai dit dans mon discours d’intronisation, si des pays comme l’Iran sont prêts à desserrer le poing, ils trouveront de notre part une main tendue.

    Q. Laissons-nous l’Irak pour une prochaine interview, ou bien…

    M. Gibbs : Oui, laissons cela. Nous avons dépassé, et je dois le ramener à un dîner avec son épouse.

    Q. Monsieur, j’apprécie vraiment.

    B.O. Merci beaucoup.
    (la fin en longs remerciements réciproques

  14. bonjour

    Je pense que quand on soutient et je suis désolé un lobby sioniste comme AIPAC aux Etats Unis ca veut dire ce que ca veut dire,,,ne tombons pas dans le piège des émotions et des symboles qui cache des réalités

  15. salam ‘alaykum,

    C’est pas tant qu’Obama soit élu qui m’a réjoui mais surtout la fin du mandat de Bush. Obama n’est ni l’homme providentiel ni pro musulmans. Il est tout simplement le fruit du rêve américain, manipuler de surcroît par les faucons comme cela l’était pour Bush.

    Obama est un politique, il va d’abord assurer ses arrières. Il a fait des promesses en coulisse aux sionistes pour avoir leur soutient financier, il serait un peu naif de penser qu’aujourd’hui qu’il va leur tourner le dos et changer complètement de politique en faveur des musulmans.

    D’ailleurs, en tant que musulman(e)s pourquoi attendre d’un américain qu’il change les injustices dans le monde. C’est à nous de nous bouger! A nous d’élir des responsables politiques capables de tenir tête à l’injustice avant de penser à ses intérêts. C’est en eux que l’on devrait avoir confiance et espoir pour un monde meilleur où reignerait justice et équité.

    Chapeau au Premier Ministre Turc Recep Tayyip Erdogan qui, avant de quitter la scène lors du débat sur Gazza à Davos, a, tout d’abord, reproché au public d’avoir applaudi des propos criminels, répliqué au plédoyer de Shimon Perès en prenant la défense des victimes de la guerre sioniste criminelle.

    • Salam à tous. « Où sont les Arabes !? »
      Combien de fois nous tous avons entendue ces mots lancée par une mère ou d’un père Palestinien en pleure aux yeux des caméras des journalistes du monde entier !? Qui en appel à tous les Arabes.
      « Où sont les Arabes !?  »
      Qui n’a pas ressentie se sentiment d’impuissance et cette sourde colère en nous qui nous mine , colère contre nos dirigeants Arabes. Sont ils aussi impuissant que cela !? La ligue Arabe est elle impuissante à ce point là !
      Le désarroi Arabe , massacre en Irak , massacre lancinant en Palestine….Les dirigeants Arabes , sont ils autant impliqués dans le système mondial financier mis en place par les puissances occidentales après la deuxième guerre « mondiale » ?
      Ont ils les poings autant liés que cela ? Il y a quelque choses de pas clair et pas sains dans l’attitude de certain dirigeant des pays Arabes.
      Ils suffirait qu’ils tronquent le mercantile un moment afin de redorer le blason et l’honneur de la nation Arabe , sauver les Palestinien de cet génocide certain , lancinant… De cet enfer !
      Je ne comprend pas , il suffirait de toucher le talon d’Achille d’ Israël et les pays qui soutiennent sa
      politique. Et ce talon d’Achille on le connaît tous : L’économie , car on sait tous que l’occident est mercantile et c’est que sur ce point là qu’il réagit vraiment et tout le reste c’est du blabla et les Palestiniens peuvent continuer a mourir en espérant qu’ils ne fassent pas trop de vagues dans l’équilibre hypocrite mondial. Le sionisme est un mal qui met à mal l’équilibre du monde et les relations entre les civilisations. Il a fait se crisper l’orient contre l’occident et celui ci par la culpabilité qu’il traîne depuis 60 ans envers le peuple Juif (Qu’eux même ont instrumentalisé ) il ne faut pas trop compter dessus afin de rétablir la vérité et la justice au moyen orient.
      Les Arabes ont des atouts formidables afin de faire entendre leurs voix et influencer la politique du couple infernal Israël-USA et de l’Europe.
      Je ne comprend pas et je pense ne pas être le seul a me poser ces questions. C’est affligeant de voir le roi de Jordanie et le président d’Egypte mains et poings lié dans cette « paix » avec Israël . Cette « paix  » a été un piège pour le reste des pays Arabes et un tombeau pour les Palestiniens. C’est une « paix » qui ne sert qu’Israël et qui lui a permit d’être tranquille afin de continuer sa politique rampante de colonisation et d’être tranquille sur deux fronts important , géographiquement et politiquement et du coup a affaiblie le camp Arabe d’une façon dramatique.
      Les Arabes ont des atouts formidables et puissants mais c’est peut-être trop tard pour les Palestiniens.
      Seule la folie et l’ivresse d’Israël dans sa force militaire fera un jour peut être la perte d’Israël , sont tombeau, creusé par son aveuglement assassin. Emporté par le sionisme qui lui n’a pas de limites dans son projet anachronique et fou et qui surtout ne sert pas les vrais intérêts et idéaux du peuple juifs , des fils d’Abraham sur cette terre de Palestine.
      Où sont les visionnaires sur ce monde et je partage l’analyse de Mr Tarik Ramadan , même plein de bonnes volontés en apparence il ne faut pas trop compter sur la politique de Barak Obama. Le salut viendra des Arabes eux même envers nos soeurs et frères de Palestine ou de la folle politique d’Israël emporté pas le sionisme…

      Saïd Morjane.

  16. Salam

    ne parler de la oumma que par le prisme de la citoyenneté , révèle aujourd’hui, qu’il n’y a pas de projet de communauté aujourd’hui…

    Ou va la oumma ,on sait pas?

    On a recours à l’éthique, pour penser être dans notre temps, ou dans la diversité, mais étonnante diversité ou l’on s ‘oublie soit même, ou bien ,l’on se définie par son origine.
    Une éthique qui se dit globale, mais qui laisse tellement de sujets important de coté, fausse vision globale

    Les deux partis politiques majoritaire en france, n’ont pas de projet de socité, il ne répondent, que dans l’instant, dans l’événementiel, il semble que l’on en soit aussi la dans la oumma…

    OU alors certaines pensée de projet et du long terme sont présente mais pas dévoilées…

    mr Sarkozy disait un jour lors d’une inauguration de l’agv, qui va remplacé le tgv,qu’il faut avoir un temps d’avance, une longueur d’avance, on pense bien que si il le dit pour un moyen de transport, il l’applique pour sa politique.

    UN projet, et une vision sur le long terme, voilà ce qu’il serait bon de dévelooper.

    Se réfugier derrière d’autres choses, comme l’éthique, ne résoudra pas les chose, et poussera de plus en plus de gens à se réfugier dans les tendances exclusives et d’un certains littéralisme

    Il est nécessaire pour cela , d’instaurer une confiance, un respect de la capacité de chacun, et d’une véritable consultation.
    On peut critiquer le cfcm, ou autre, mais on peut pas dire qu’il y une véritable consultation de la oumma, dans les autres sphères de cette dernière.
    On ne consulte pas les gens, pour confirmer ses propres perspectives que l’on décide pour les autres…

    Allahou Alam

    Salam

  17. j’ai entendu .voilà un pésident noir c’est la peuve que les mentalités changent .j’ai répondu l’Amerique à besoin de se refaire une beauté et nous les citoyens ne soyons pas naive .en lisant votre article je me suis senti comme appaisée.nous ne sommes pas parano la vérité est que chaque président est venu achevé ce que le précedent avait commencé.pourquoi gardé guantanamo puisque à l’heure actuelle ils leur est permis de tue librement de torturer ,de bruler au armes chimiques,,, que reste il à faire en Irak ils ont fait aboutir leur projets et ils n’ont m^eme plus besoin d e cacher.Alrs de grace reveillons nous.merci encore à vous monsieur Ramadan

  18. QUE DIEU TE PROTEGE MON CHER FRERE TARIQ RAMADAN POUR TOUT VOS EFFORTS ET VOTRE ENGAGEMENT. QUE DIEU VOUS GUIDE JE PRIE POUR VOUS ET VOUS SOUHAITE BEAUCOUP DE COURAGE SUR VOTRE CHEMIN BRILLE LA LUMIERE DIVINE…

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